Du maquis aux urnes, presque sans transition. Les ex-rebelles hutus des Forces pour la défense de la démocratie (FDD) ont remporté une écrasante victoire au premier test électoral grandeur nature au Burundi. Les FDD ont raflé 1 781 sièges sur les 3 225 à pourvoir aux élections communales du 5 juin. En suffrages, le triomphe est encore plus net : près de 63 % aux FDD, 20,5 % au Frodebu, le parti hutu modéré du président Domitien Ndayizeye, et à peine plus de 5 % à l'Uprona, le principal parti tutsi.
Après une décennie de guerre civile les dernières élections remontent à 1993 , ce scrutin révèle un rapport de force inédit. De façon surprenante, la principale fracture ne passe plus entre Hutus (84 % de la population) et Tutsis (15 %) mais à l'intérieur des Hutus. Le Frodebu, jusque-là majoritaire, accuse par dépit son rival des FDD d'avoir «terrorisé la population par les armes». Les FDD, qui n'ont déposé les armes que fin 2003, cueillent les fruits de leur lutte armée. La guerre civile entre les rebelles hutus et les Tutsis, qui contrôlaient le pouvoir et l'armée, avait fait 300 000 morts dans ce petit pays d'Afrique centrale de 7 millions d'habitants.
Une seule rébellion hutue, les Forces nationales de libération, continue aujourd'hui de se battre. Cette semaine, des affrontements ont encore eu lieu dans l'ouest du pays alors que se sont ouverts, vendredi en Tanzanie, des pourparlers en vue d'un cessez-le-feu.
Le processus électoral doit se poursuivre le 4 juillet par des lég