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Libération

Alvaro Cunhal, fauché par la faucille

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Le père du communisme portugais, héros des résistants à Salazar, est mort hier à 91 ans.
publié le 14 juin 2005 à 2h35

Lisbonne de notre correspondante

Le leader historique du Parti communiste portugais (PCP), Alvaro Cunhal, est mort hier à l'âge de 91 ans. Resté farouchement orthodoxe, Cunhal avait adhéré au PCP, alors clandestin, en 1931, pour combattre le régime réactionnaire de Salazar. Né en novembre 1913 à Coimbra, ce fils d'un avocat avait rejoint les communistes à son entrée à la faculté de Lisbonne. Arrêté par la Pide, la police politique de Salazar, en 1949, le militant passe huit ans dans un cachot. Son évasion, en 1960, contribuera à le métamorphoser en héros romantique aux yeux des Portugais. «Je me sens bien quand je combats», disait-il.

Après des années d'exil à Moscou et à Prague, il rentre au Portugal quelques jours après la révolution des OEillets qui renverse, le 25 avril 1974, le régime dictatorial salazariste, vieux de près d'un demi-siècle.

Résistance.

Cunhal sera peu de temps ministre sans portefeuille du premier gouvernement provisoire. En novembre 1975, il intervient au dernier moment pour empêcher la prise du pouvoir par son parti, afin, explique-t-il, d'éviter la guerre civile. Il laisse alors passer sa chance : alors que le PCP, le «parti de l'Alentejo», du nom de la région la plus pauvre du pays, qui lui est acquise, obtient jusqu'à 1 million de voix, Cunhal entre en résistance.

Aligné sur Moscou, il devient à la même époque un farouche opposant à l'«eurocommunisme», cette tentative de s'éloigner du modèle soviétique lancée par l'Italien Berlinguer, avec le soutien du