La région de Loreto est grande comme la moitié de la France, mais ce n'est que de la selva, de la jungle. Loreto n'a donc qu'une seule route goudronnée, à peine 100 kilomètres, qui relie Iquitos, la «capitale», à Nauta, la deuxième ville de la région. Au kilomètre 48, il faut demander au minibus de s'arrêter. De l'autre côté de la route, vers l'est, un chemin traverse un champ de canne à sucre puis s'enfonce dans la selva qui bruit de cris de singes et d'oiseaux. Il est midi, mais c'est comme si la nuit tombait car les arbres, hauts, retiennent la lumière du jour. Il faut alors trois bons quarts d'heure de marche, à se méfier d'une armée de bestioles et de tous ces ruisseaux boueux que l'on franchit sur des troncs d'arbres.
«Les soins sont beaucoup plus efficaces dans le silence de la forêt»
Otilia avoue en pestant : «Parfois, je ne retrouve pas moi-même le chemin.» Elle parvient finalement à son tambo, sur une petite clairière cultivée. Le tambo est un vaste plateau de bois sur pilotis, habitation traditionnelle des Indiens de la zone. Des hamacs et un «coin cuisine» pour tout confort. C'est là qu'Otilia, petite femme de 45 ans au sourire contagieux, a décidé de s'installer il y a quelques mois pour exercer son métier de chamane guérisseuse. Elle continue aussi à pratiquer en ville, à Iquitos, mais sa maison, dit-elle, est trop petite pour bien accueillir sa clientèle. «Et puis les soins sont beaucoup plus efficaces dans le silence et la tranquillité de la forêt.» Elle utilise pour cela les plantes qu'elle récolte sur sa parcelle de selva. Fe