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Libération

L'automne de «Don Manuel» recyclé du franquisme

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publié le 18 juin 2005 à 2h39

Madrid de notre correspondant

«Je me sens fort comme un toro», disait-il l'autre jour ; «Je veux mourir sur la place comme un bon torero», a-t-il souvent répété : friand, en bon Espagnol, de la métaphore tauromachique, le conservateur Manuel Fraga risque cependant, ce dimanche, d'être botté hors de l'arène politique, où il joue un rôle de premier plan depuis un bon demi-siècle. Réputé increvable malgré ses 82 ans et sa démarche claudicante, le dinosaure de la politique espagnole ­ seul rescapé de la dictature franquiste ­ entrevoit pour la première fois la défaite : la plupart des sondages indiquent que le président régional de la Galice (Nord-Ouest) sera mis au tapis par une alliance entre les socialistes et les nationalistes. Lui seul semble croire en sa bonne étoile : «Il n'y a pas de fatalité. Les Galiciens savent ce que j'ai fait pour eux», clamait-il à Compostelle en début de campagne, s'en remettant à l'apôtre saint Jacques.

Patriarche. A la tête de la région sans interruption depuis 1989 ­ toujours avec la majorité absolue ­, «Don Manuel» a fini par se confondre, dans l'inconscient collectif, avec cette Galice conservatrice et rurale, dominée par l'agriculture et la pêche, et très dépendante des fonds européens. En campagne, malgré sa canne et ses fréquents accès de somnolence, on a pu voir le patriarche en pleine forme, enchaînant les meetings avec l'appétit d'un jeune loup. Lorsque son adversaire socialiste, Perez Tourniño, fait un voyage éclair en Argentine (où rési