Butare envoyée spéciale
«Nous étions nombreux. Les militaires burundais ont commencé à nous battre pour nous faire monter dans les camions.» Florence, une jeune Rwandaise hutue de 25 ans, a du mal à se remettre du choc de la veille, celui du retour brutal au Rwanda. Au milieu de centaines d'autres rapatriés de force regroupés dans le camp de Ngoma, à Butare (sud du Rwanda), elle attend, son bébé dans les bras, le regard dans le vague, qu'un camion puisse la ramener dans son village. «Ils ont pris samedi la décision de nous rapatrier de force. Dimanche, les militaires ont entouré le camp. Ils nous menaçaient de nous tuer si on ne montait pas dans les camions. Tout s'est passé très vite.»
Illégaux. Le 11 juin, les gouvernements rwandais et burundais ont déclaré dans un communiqué conjoint que la présence des demandeurs d'asile sur leur territoire respectif était illégale, ajoutant qu'ils emploieraient «toutes les mesures nécessaires» pour assurer dans les plus brefs délais le rapatriement des ressortissants rwandais. Trois jours plus tard, le ministre burundais de l'Intérieur annonçait que l'opération était terminée : quelque 8 000 Rwandais, des femmes et des enfants pour la plupart, ont été réexpédiés chez eux manu militari. Selon l'ONU, les deux pays ont enfreint la convention internationale datant de 1951 qui protège les réfugiés. Très proche des autorités de Kigali, Washington a également critiqué ce retour sous la contrainte. Les équipes du Haut-Commissariat aux réfugiés (H