(à Beyrouth)
Chibli Mallat est professeur de droit à l'université Saint-Joseph de Beyrouth et avocat. Au cours de ces derniers mois, il s'est engagé aux côtés de l'opposition à la tutelle syrienne.
A l'issue des législatives, pensez-vous qu'une page a été tournée dans l'histoire du Liban ?
Oui, certainement. Nous sommes entrés dans une période postsyrienne. De manière générale, les élections se sont bien passées. Il y a eu une concurrence libre entre les candidats qui a abouti à la reconnaissance de l'opposition et de son succès. Nous n'avons pas eu à déplorer de violences. Enfin, la présence pour la première fois d'observateurs internationaux offre un précédent remarquable. Malgré tout, nous attendons toujours la révolution démocratique, car en réalité la classe politique n'a pas changé. Il était sans doute un peu trop idéaliste de croire à un véritable renouvellement alors que les deux acteurs principaux de «la révolution des cèdres», Walid Joumblatt et la famille Hariri, occupent le devant de la scène politique libanaise depuis des années.
Le système constitutionnel libanais est lui-même la cause de nombreux blocages.
Je pense en effet qu'il est indispensable de restreindre l'espace sectaire du constitutionnalisme libanais qui fait que la voix d'un citoyen est par essence inégale à celle d'un autre citoyen (un système de quotas communautaires prévaut dans l'ensemble des institutions du pays, ndlr). Pour mener à bien cette réforme, il faudrait instituer un Sénat confessionnel e