Téhéran envoyé spécial
«Les talibans arrivent.» C'est notamment avec ce slogan, figurant sur des tracts, qu'une large partie de l'opinion publique personnalités politiques, étudiants, intellectuels, artistes, acteurs de la société civile, leaders religieux et même dissidents s'emploie à mobiliser l'Iran contre la menace d'une victoire de Mahmoud Ahmadinejad au second tour de l'élection présidentielle. Cette crainte d'un succès du candidat ultraradical est d'autant plus vive que certains responsables politiques s'attendent à des fraudes importantes, comme celles dénoncées par les deux candidats réformateurs battus au premier tour.
«Fascisme». Hier, le ministère de l'Intérieur a mis en garde contre le risque d'une manipulation des suffrages plus importante encore de la part de «certaines personnes prêtes à tout pour rester au pouvoir». Cette menace a poussé Ali Akbar Hachemi Rafsandjani à se risquer hier à l'université, bastion de l'opposition au régime islamique, où il a demandé aux étudiants d'«être vigilants». Ceux-ci l'ont accueilli aux cris de : «Soutenons Hachemi contre le fascisme !» Ils l'ont également acclamé lorsqu'il a lancé : «Les réformes doivent être poursuivies avec détermination.» Un peu plus tard, cet enthousiasme a été cassé net. Aux étudiants qui lui demandaient la libération des prisonniers politiques, dont celle d'Akbar Gangi, auteur d'un livre le mettant en cause dans les assassinats d'intellectuels, il a en effet répondu que «la loi doit être respectée