Washington de notre correspondant
Assis sur une chaise roulante, col ouvert, un tuyau à oxygène dans le nez, Edgar Ray Killen, un pasteur baptiste de 80 ans, a écouté sans ciller, hier, le verdict prononcé par le tribunal de Philadelphia, une bourgade du Mississippi. Ancien membre du Ku Klux Klan, il est coupable de «meurtre sans préméditation» et risque jusqu'à vingt ans de prison. Le juge devrait prononcer la sentence demain. Les douze jurés, neuf Blancs et trois Noirs, ont quitté le tribunal entre deux haies de policiers lourdement armés : jusqu'au bout du procès, la police a craint des manifestations d'extrême droite.
Edgar Ray Killen était accusé d'avoir orchestré l'un des crimes les plus célèbres de l'histoire des Etats-Unis, l'assassinat, le 21 juin 1964, de trois militants pour les droits civiques : Andrew Goodman, 20 ans, Michael Schwerner, 24 ans et James Chaney, 21 ans. Ces trois jeunes bénévoles (deux juifs new-yorkais et un Noir) étaient venus dans la région de Philadelphia pour enregistrer des Noirs sur les listes électorales, dans le cadre d'une campagne baptisée «l'Eté de la liberté».
Ils avaient d'abord été arrêtés par la police locale, prétendument pour excès de vitesse. Relâchés en pleine nuit, ils tombent alors dans une embuscade organisée par des membres du Klan. Les trois militants sont frappés, puis abattus. Leurs corps seront retrouvés quarante-quatre jours plus tard, enterrés dans une tranchée. Le FBI avait lancé une vaste enquête pour trouver les coupa