Menu
Libération

L'ouverture en trompe-l'oeil de la Libye décatie de Kadhafi

Article réservé aux abonnés
publié le 27 juin 2005 à 2h45

Tripoli envoyé spécial

«Talatha Majmou'a», Regroupement Trois, lit-on sur la façade d'un immeuble gris, face à la mer. Comme les autres magasins d'Etat, qui offraient aux Libyens un choix aussi restreint qu'en URSS, il est à l'abandon. Plus loin, les automobilistes se pressent sur Gargharesh, l'artère huppée. De part et d'autre, des échoppes se succèdent sur des kilomètres, regorgeant d'articles importés autrefois introuvables.

Salsa. Gargharesh, c'est la vitrine de la Libye, le signe le plus tangible de l'ouverture économique. Partout, de nouvelles bâtisses surgissent de terre. «Tout va changer, mais il faut être patient», proclame le patron du Havana. Après un long séjour aux Etats-Unis, l'homme est revenu, il y a neuf mois, pour ouvrir ce café qui sert des cocktails de fruits sur fond de musique salsa. «Il y a dix ans, ici, il y avait à peine quatre boutiques. Bientôt, toutes les grandes marques seront là», se réjouit un client.

Moawyya Maghur déborde de projets et d'enthousiasme. Créateur de plusieurs sites Internet, il représente cette Libye qui «bouge». Il s'apprête à ouvrir un club de plongée, participe à la mise en ligne de l'administration, essaie de créer la première radio FM privée et a obtenu l'autorisation de lancer un magazine touristique : «Il faut avoir de l'audace et tester les règles existantes.»

Avec la fin des sanctions, la Jamahiriya, littéralement l'«Etat des masses», a découvert la liberté de marché, une liberté très surveillée. Depuis 2003, le Guide de la