C'est sous les vivats et dans une nuée de drapeaux arc-en-ciel que des dizaines d'homosexuels faisant le pied de grue devant les Cortès, à Madrid, ont fêté un «événement historique». Par 187 voix contre 147, avec la seule opposition du Parti populaire (PP) et de deux députés nationalistes catalans, la loi autorisant le mariage homosexuel a été définitivement approuvée hier midi. Le PP a annoncé qu'il déposera une plainte auprès du Tribunal constitutionnel, mais celle-ci n'a aucune chance d'aboutir. Cette réforme du code civil, qui accorde autant de droits aux homosexuels qu'aux hétérosexuels dont celui d'adopter des enfants , entrera en vigueur d'ici à fin août. Elle place l'Espagne dans le club réduit des pays ayant légalisé le mariage gay avec la Belgique, les Pays-Bas et le Canada. Le virage est d'autant plus spectaculaire que, jusqu'en 1978 soit trois ans après la mort de Franco , les homosexuels étaient passibles de la prison ou de l'internement en hôpital psychiatrique.
Au terme du vote, le Premier ministre socialiste, José Luis Zapatero, qui avait inclus la légalisation du mariage homo dans son programme électoral, a pris tout le monde par surprise en montant à la tribune : «L'Espagne est aujourd'hui un pays plus décent, parce qu'une société décente est celle qui n'humilie pas les membres qui la composent.» Cette réforme du code civil, affirmant que le mariage peut unir «des personnes de sexe différent ou de même sexe», s'inscrit dans ce que Zapatero appelle l'