Lagos de notre correspondante
Les candidats à la guérison sont alignés en rang d'oignon : hommes, femmes et enfants, portent une petite pancarte indiquant leur âge et les maux dont ils souffrent : cancer de l'estomac, organe faible, attaque du malin, mauvaise haleine, chômage, problème conjugal... La croisade a lieu au coeur de la nuit à Ikotun, un quartier populaire de Lagos, la gigantesque capitale économique du Nigeria ; elle réunit entre autres des Nigérians, des Suisses, des Sud-Africains et des Britanniques. Parmi les apprentis pasteurs, de jeunes Européens. «Il n'y a pas d'âge pour être un vecteur de l'Esprit saint», explique Christina, une Anglaise de 23 ans, vêtue d'un chemisier rose vaporeux et d'un pantalon noir. Sur fond de gospel tonitruant, dans une ambiance de Star Academy évangélique, les apprentis touchent les malades en criant «out !» (dehors). Ces derniers s'effondrent en crachant. Courant en tous sens, des cameramen en sueur alternent les travellings hallucinés et les zooms sur les flaques de vomi. Les transes atteignent leur paroxysme lorsque entre en scène le prophète de l'Eglise.
Pauvreté absolue. Ces scènes miraculeuses seraient anecdotiques si elles ne réunissaient pas des centaines de milliers de Nigérians, dont les plus hautes autorités de l'Etat. Chasser les démons, trouver un emploi, guérir du sida ou du cancer, trouver un conjoint, chaque problème de la vie quotidienne a, soi-disant, sa solution divine. C'est ce qui explique l'effarant succès des