Il est mort au moment où la Françafrique agonise. François-Xavier Verschave est décédé mercredi à l'âge de 59 ans des suites d'un cancer. Economiste de formation, Verschave s'est surtout fait connaître en dirigeant depuis dix ans l'association Survie, qui s'est spécialisée dans la dénonciation du néocolonialisme français en Afrique. Contrairement à ce que les plus jeunes ont pu penser, ce n'est pas lui qui a inventé le concept de Françafrique : ce néologisme, forgé par le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny dans les années 70, visait à décrire les liens indéfectibles entre Paris et ses anciennes colonies africaines. De positif, le mot est devenu au fil du temps synonyme de la pire corruption.
Directeur de publication de la lettre mensuelle Billets d'Afrique et d'ailleurs..., Verschave est l'auteur ou le coauteur d'une vingtaine d'ouvrages dont la Françafrique (Stock, 1999) et Noir Silence (les Arènes, 2000). Ce dernier ouvrage, plus une compilation qu'une investigation, lui a valu d'être poursuivi pour «offense à chefs d'Etat étrangers» par le Tchadien Déby, le Congolais Sassou Nguesso et le Gabonais Bongo. Il avait été relaxé et le procès a fait l'objet d'un nouvel ouvrage, Noir Procès (2001, les Arènes).
C'est au lendemain du génocide rwandais que Verschave, choqué par l'engagement de la France aux côtés du pouvoir hutu extrémiste, a commencé à militer plus activement. Sous son impulsion, Survie, qui plaidait surtout pour une bonne utilisation de l'aide au développemen