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Libération
Reportage

Kaliningrad veut oublier Königsberg

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L'enclave russe fête ses 750 ans, faisant table rase du passé allemand de la ville.
publié le 2 juillet 2005 à 2h50

Kaliningrad envoyée spéciale

Blanc, bleu, rouge. Grimpés sur les murs crénelés des «portes royales» de Kaliningrad, rénovées pour l'occasion, des figurants agitent d'immenses bannières aux couleurs russes. L'image, qui a ouvert vendredi trois jours de festivités pour les 750 ans de la ville, est lourde de symbole : après avoir longtemps hésité à célébrer cet anniversaire, qui évoque la fondation, en 1255, du château de Königsberg par les chevaliers de l'ordre Teutonique, la Russie, maîtresse des lieux depuis 1945, a finalement décidé de profiter de cette date pour en faire une grande fête du «passé allemand» et du «présent russe». «750 Kaliningrad», dit le logo officiel, sans trop s'embarrasser du fait que la ville s'appelait Königsberg jusqu'en 1946. Le clou de la fête sera la consécration, dimanche, par le patriarche russe Alexis II, d'une nouvelle cathédrale orthodoxe, en présence du président Poutine. Immense vaisseau blanc à bulbes dorés, ce christ sauveur fait dix mètres de plus que la cathédrale protestante de l'époque prussienne, ont mesuré les journaux allemands, un rien acerbes.

«Nouvelle Europe». En 2003, le Kremlin avait fait savoir qu'il ne voyait pas de «raison» de célébrer ces 750 ans, qui évoquent le passé germanique de la région. Moscou pensait plutôt attendre 2006 pour fêter les 60 ans du district russe, formé le 7 avril 1946. Mais après réflexion, Vladimir Poutine en personne a ordonné que l'on fasse de ces 750 ans une «fête de la nouvelle Europe». A cet eff