Quand on est militaire ivoirien, il ne fait pas bon sabler le champagne avec les Français sans en informer au préalable sa hiérarchie. Trois officiers l'ont appris à leurs dépens, la semaine dernière à Abidjan. Leur mésaventure démontre que, huit mois après les combats qui ont opposé les partisans du président Laurent Gbagbo aux soldats de Licorne en Côte-d'Ivoire, les relations entre deux armées naguère étroitement liées sont profondément altérées.
Le 28 juin, le général à la retraite M'Bahia, le colonel Bakassa Traoré et le lieutenant-colonel Jules Yao-Yao assistent à un dîner à la résidence de l'ambassadeur de France à l'occasion du départ du commandant de la base militaire tricolore à Abidjan, le 43e Bima (Bataillon d'infanterie de marine), le colonel Luc de Revel. A l'issue du dîner, les trois officiers sont bloqués à un barrage de l'armée devant la résidence de Gbagbo, mitoyenne du bâtiment français. A une époque, les deux résidences étaient reliées par un souterrain, bouché depuis...
Franc-parler. Les trois hommes sont emmenés à l'état-major, où ils sont questionnés durant une heure et demie. L'un des officiers, Bakassa Traoré, meurt dans la nuit de samedi à dimanche, décès sans lien apparent avec son arrestation. «Il était gravement malade», confirme une source militaire française. En tout cas, l'interrogatoire était plutôt musclé, puisque, une fois relâché, Yao-Yao s'est rendu directement à l'infirmerie des Casques bleus togolais déployés en Côte-d'Ivoire. Il portait