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Libération

La justice tunisienne voit des «terroristes» partout

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Peines allégées pour des jeunes, accusés, sans preuve, de vouloir rejoindre l'Irak.
publié le 5 juillet 2005 à 2h52

La justice tunisienne est toujours aussi déconcertante. En acquittant, dimanche, cinq des treize prévenus du groupe dit de Bizerte à cause de son origine géographique, la cour d'appel de Tunis a créé la surprise. Ils comparaissaient pour avoir projeté de rejoindre la rébellion irakienne, selon l'accusation. En première instance, la justice avait eu la main lourde, les accusés écopant de peines de dix à trente ans de prison ferme, en vertu d'une loi antiterroriste très contestée et promulguée en 2003, officiellement pour «appuyer les efforts internationaux dans la lutte contre le terrorisme». Outre les cinq acquittements, les peines de cinq autres condamnés ont été divisées par deux. La peine de trente ans de prison ferme a été maintenue pour les trois jeunes en fuite, dont Lotfi Rahali, présenté par Tunis comme un membre d'Ansar al-Islam, un groupe terroriste irakien proche du Jordanien Abou Moussab al-Zarkaoui, que Rahali aurait rencontré en Syrie. Mohamed Badjouya a écopé de vingt ans pour avoir recruté des volontaires et «leur avoir fourni une formation idéologique et militaire pour mener des attaques terroristes».

Les inculpés sont tous âgés de 20 à 30 ans. Un quatorzième, mineur, jugé séparément, a été acquitté. A l'audience, les prévenus ont tous nié leur appartenance à une organisation terroriste, affirmant avoir signé des aveux sous la torture. Ils ont longuement détaillé les sévices, notamment sexuels, subis en détention. Certains d'entre eux ont reconnu avoir effect