Le 9 novembre 1989, des clameurs de joie s'étaient élevées lorsque le Mur s'était ouvert à Check Point Charlie. Hier, l'ambiance était radicalement différente au célèbre point de passage entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. La démolition du mémorial dédié aux victimes du rideau de fer, un ensemble de 1 067 croix entourées d'un mur d'enceinte blanc, a suscité des cris de colère des Ossies (Allemands de l'Est). «C'est une honte, sanglote Monika Bartels, 56 ans, qui a grandi à l'Est avant de passer à l'Ouest en 1966. Surtout quand je pense à mes amies qui ont été torturées dans les geôles de RDA parce qu'elles ont tenté de passer le Mur, et à tous ceux qui sont morts. Ces croix étaient le seul souvenir tangible de ce que fut cette dictature communiste. Mais il faut croire que le Sénat de Berlin, qui est codirigé par le PDS (néocommunistes, ndlr), ne veut surtout pas que l'on mette son passé en avant.»
Enchaînés. Après six mois de bataille juridique pour tenter de transformer l'exposition temporaire en musée permanent, la police a bouclé, hier à 6 heures, la Friedrichstrasse, la rue qui traverse Check Point Charlie. Puis des ouvriers ont commencé à enlever les croix de bois et à démonter le mur sous les hurlements d'une petite centaine de manifestants. Six d'entre eux, selon la police, s'étaient enchaînés aux croix. Mais les fortes pluies qui se sont abattues sur Berlin ont eu raison de leur action. En fin de journée, les deux parcelles occupées par les croix, de pa