Tirana envoyé spécial
Sa silhouette s'est épaissie et sa voix est devenue encore plus rauque, mais Sali Berisha, 62 ans, indéboulonnable leader de la droite albanaise, reste toujours aussi impétueux. «Dans les cent premiers jours de mon gouvernement, les Albanais vont déjà voir la réalité de mes promesses», nous déclare le chef charismatique du Parti démocratique, qui parle déjà en Premier ministre. Beaucoup s'inquiètent du retour aux affaires de ce très imprévisible tribun aux accents volontiers populistes. Il veut avant tout rassurer. «Je suis de formation scientifique et donc j'apprends de mes erreurs», reconnaît l'ex-président, chassé du pouvoir en 1997 par la révolte de milliers d'épargnants ruinés par l'effondrement de pyramides financières frauduleuses. Un soulèvement qui fit près de deux mille morts et plongea encore un peu plus dans le chaos le pays le plus pauvre d'Europe. Sa carrière politique semblait alors définitivement finie. C'était mal le connaître.
Convaincu. Qu'il parle en français, anglais, italien, russe ou albanais ; qu'il s'adresse à des paysans, des hommes d'affaires ou des diplomates, il martèle un même message exalté : «L'Albanie veut et doit pouvoir devenir un pays européen comme un autre.» Ce montagnard du Nord, né à Tropoja, tout près du Kosovo, est convaincu de sa mission. A l'époque communiste il fut le plus grand cardiologue albanais et adhéra au Parti en 1970. «J'y ai cru sincèrement», reconnaît ce médecin dont la vie bascula en décembre 1990,