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Libération

Retour à la case soviet au Kirghizistan

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Le discours «mains propres» du nouveau président Bakiev ne convainc guère dans un pays corrompu.
publié le 12 juillet 2005 à 2h57

Bichkek envoyée spéciale

«C'est un type à qui je ne ferais pas confiance une seconde.» Edil Baïssalov, pourtant lui-même artisan clé de la «révolution» de mars dernier, à la tête d'une vaste coalition d'ONG, invite à la plus grande prudence au sujet de Kourmanbek Bakiev, élu dimanche nouveau président du Kirghizistan. «Bakiev est le parfait homme politique soviétique, comme l'était son prédécesseur Askar Akaïev, souligne ce militant des droits de l'homme. Si nous étions en Ukraine, il aurait certainement été plutôt Ianoukovitch (le leader prorusse que Poutine voulait imposer, ndlr) que Iouchtchenko (le président pro-occidental, finalement élu, ndlr). Bien sûr, notre Bakiev maîtrise le lexique démocratique. Mais c'est quelqu'un qui a grandi dans le moule communiste et qui ne peut s'imaginer le monde en dehors de la Russie.»

Visage rond, souriant le plus souvent, parlant d'une voix douce et posée, un peu comme Vladimir Poutine qui a été formé à l'école du KGB, Kourmanbek Bakiev, 55 ans, présente pourtant bien. «Nous allons nous battre inlassablement contre la corruption», «si nous réussissons à former un gouvernement aux mains propres, les gens vivront mieux», a-t-il beaucoup promis durant cette campagne. Au pays de la corruption généralisée, où jusqu'à présent les postes de ministres et de fonctionnaires pouvaient s'acheter pour quelques milliers de dollars, ces belles paroles ne sont pas très rassurantes. Mais le cinéaste Bolotbek Chamchiev, promu conseiller du président depui