Guillaume Dasquié est spécialiste du terrorisme et directeur de recherches à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Il vient de publier Al-Qaeda vaincra (Privé-Flammarion).
L'Europe pourrait être pour la première fois confrontée à des bombes humaines. Qu'en pensez-vous ?
L'attentat-suicide est inscrit dans l'histoire de l'islamisme violent. Aujourd'hui, que des jeunes vivant en Europe occidentale et se réclamant de cet islamisme adoptent ce type de démarche n'aurait rien de surprenant. Ces dernières années, on a vu le ressentiment exprimé dans certains quartiers des villes européennes instrumentalisé par des imams salafistes. Exactement comme ils le font dans des villes d'Arabie Saoudite, du Koweit, du Yémen. Ils convainquent leurs jeunes disciples que le seul salut vient de ce type d'opposition sacrificielle. Les mêmes recettes d'endoctrinement marchent des deux côtés de la Méditerranée.
Comment peut-on concevoir matériellement de tels attentats en Europe ?
Après huit mois de formation militaire dans un camp islamiste en Afghanistan, un type est capable de concevoir un explosif en Europe avec des matériaux disponibles dans le commerce. Ce n'est pas difficile de trouver des candidats à l'action. Le plus dur, c'est de recruter des gens capables de maîtriser tout le savoir technologique. Les enquêteurs cherchent toujours du côté des étudiants en technologie et en informatique.
Comment croyez-vous que fonctionne Al-Qaeda ?
Le modèle d'Al-Qaeda n'est rien d'autre que la base de fonctionnement de la confédération des tribus bédouines. C'est la force d'Al-Qaeda, la volonté permanente de réunir des gens par leurs liens familiaux, amicaux, leur origine géographique, n'impo