Jean Pannier, 60 ans, a «la rage». C'est ce qui l'a aidé à tenir durant ses 830 jours passés dans les prisons ukrainiennes. Gracié le 18 juin par le président Viktor Iouchtchenko à la veille de sa visite à Paris, l'avocat français, installé à Kiev, s'est juré de récupérer ses biens saisis dans le cadre de sa condamnation. «C'est toute une vie soudain soufflée comme la flamme d'une bougie», résume-t-il. Reconnu coupable de destruction de documents en août 2003, Jean Pannier, en préventive depuis mars 2003, avait écopé de huit ans et demi de prison, ramenés en appel à quatre ans et demi, et d'une amende de 4,2 millions de dollars, soit la totalité de sa fortune.
Conte de fées. Révélatrice du monde des affaires dans la transition postsoviétique, l'aventure ukrainienne de Jean Pannier (Libération du 6 mai) débute en avril 1992 et s'apparente d'abord à un conte de fées. A l'approche de la cinquantaine, l'avocat spécialiste de droit douanier décide d'aller voir ailleurs. Les nouveaux Etats libérés du communisme le fascinent, il y pressent de nombreuses opportunités. Il débarque à Kiev. Et, en octobre, il achète son premier appartement en plein centre, à un couple d'universitaires qui partent retrouver leur fille aux Etats-Unis. Une fois rénové au «standard européen», il le revendra avec un coquet bénéfice en raison du boum immobilier. Il en rachètera un autre, plus grand, puis encore un autre.
Jean Pannier ouvre un cabinet d'avocats pour aider les sociétés françaises à s'implanter e