Port-au-Prince, la capitale haïtienne, était toujours sous le choc, vendredi, de l'assassinat brutal du journaliste et poète Jacques Roche, enlevé dimanche dernier et dont le corps a été retrouvé jeudi, dans une rue, marqué d'impacts de balles, de coups et de brûlures. Jacques Roche, qui allait fêter ses 44 ans, était responsable du service culturel du quotidien le Matin et animait tous les jours une émission sur la télévision nationale haïtienne. C'était un proche du Groupe des 184, une initiative d'associations qui avait milité pacifiquement pour le départ du président Jean-Bertrand Aristide.
Climat d'insécurité. Aristide, l'ex-prêtre des bidonvilles, s'est enfui finalement du pays en février 2004 après dix ans de gouvernement autocratique, et est actuellement réfugié en Afrique du Sud. Une partie de ses partisans milite pour son retour et participe au climat d'insécurité grandissant qui règne en Haïti, malgré la présence de plus de 1 700 Casques bleus, militaires et policiers de l'ONU.
Le gouvernement provisoire de Gérard Latortue, qui a succédé à celui d'Aristide pour préparer les élections de l'automne prochain, a condamné un «crime politique commis [...] par des monstres à la solde de Jean-Bertrand Aristide et qui constituent le bras armé des restes de Lavalas», le parti politique de l'ancien tyran. Selon les ONG des droits de l'homme et l'opposition d'alors, Lavalas et Aristide se servaient de groupes armés organisés, les chimères, des gangs qui maîtrisent le racket et