Trois mois après l'élection contestée de Faure Gnassingbé à la tête du Togo, Amnesty International revient sur les événements sanglants qui ont endeuillé le scrutin présidentiel du 24 avril. Dans un rapport rendu public hier, l'association de défense des droits de l'homme dénonce «des exécutions extrajudiciaires, des enlèvements, des actes de torture et des mauvais traitements, y compris des viols et des tentatives de viols» perpétrées par les forces de l'ordre et par les partisans du régime contre les sympathisants réels ou supposés de l'opposition. Pour des raisons de sécurité, l'enquête s'est déroulée, en mai et en juin, auprès des milliers de personnes réfugiées au Bénin, pays frontalier du Togo.
Liste. L'ONG reconnaît ne pas être en mesure de fournir un bilan exhaustif des morts liées à cette répression aveugle, soulignant que les autorités de Lomé ont pris de nombreuses dispositions pour dissimuler l'ampleur des violations des droits de l'homme. Toutefois, Amnesty affirme avoir établi une liste de 150 noms qu'elle tient «à la disposition de toute commission d'enquête internationale», tout en la jugeant bien en deçà des chiffres réels. En mai, la Ligue togolaise des droits de l'homme (proche de l'opposition) avait cité le chiffre de 811 décès, tandis que le pouvoir en reconnaissait 58.
Viols. Au Bénin, Amnesty a observé «un grand nombre de blessés» par balles. Sur la base de témoignages sous couvert d'anonymat, l'ONG fait aussi état de viols commis «par des partisans armé