Kfar Maïmon (Néguev occidental) envoyé spécial
Au barrage volant à l'entrée de Kfar Maïmon, l'embouteillage s'aggrave à mesure que des ordres contradictoires fusent. La chaleur est écrasante, les nerfs à vif. «On se croirait à un barrage en Cisjordanie ou à Gaza. Sauf que, cette fois, c'est nous, les Palestiniens», ricane un automobiliste. La région est bouclée. Kfar Maïmon, occupé par les opposa nts à l'évacuation de Gaza depuis lundi soir, est désormais «assiégé» par près de 15 000 soldats (sans armes) et policiers. Ceux-ci forment une chaîne humaine infranchissable, qui viendra à bout, mercredi soir, de la résistance des colons.
Le Parlement vient de rejeter, en ce mercredi, le report de l'évacuation des colonies de Gouch Katif. L'objectif de rejoindre les «frères héroïques» promis au départ s'éloigne, mais la détermination ne vacille pas. Kfar Maïmon, localité agricole de 600 habitants, a l'air d'un Woodstock où ne manquent ni guitares, ni ordures débordantes, ni plates-bandes piétinées, au grand désarroi des habitants, religieux comme la quasi-totalité de leurs invités, mais dont la patience s'effiloche. Une colonie de vacances, très hormonale, sinon que les milliers de garçons et de filles sont tenus de respecter les lois de pudeur et d'observer une stricte séparation, impossible dans ces circonstances. Mais aussi un pique-nique géant et bon enfant, où les mères langent leurs bébés, où l'on partage les vivres et l'eau, de plus en plus rares, où l'on se saoule de la certi