Berlin interim
Imaginons. Un écolier écrit sous la dictée : «Le maître-nageur l'a embrassée au bord de la rivière.» Zéro faute, s'il est Breton. Mais trois fautes, s'il est Normand, car il aurait dû écrire : «Le maîtrenageur l'a enbrassée au bord de la riviaire.» Absurde ? C'est pourtant bien ce qui va se passer en Allemagne dès la prochaine rentrée scolaire. Deux régions allemandes sur seize ont décidé de snober la réforme de l'orthographe qui entre en vigueur lundi, après sept ans de cohabitation houleuse entre anciennes et nouvelles règles.
Bande à part. La Bavière et la Rhénanie du Nord-Westphalie, où habite plus d'un tiers de la population allemande, font bande à part. Leurs têtes blondes pourront toujours écrire «Schwimmeister» pour maître-nageur, alors que le reste des petits Allemands devra s'habituer à la triple consonne de «Schwimmmeister» sous peine de zéro pointé. Le vénérable «ß», sacrifié sur l'autel de la simplicité, bénéficie ainsi d'un sursis. «Kuß» (baiser) et «Fluß» (fleuve) ne seront pas transformés en «Kuss» et «Fluss».
Avant de tout bouleverser, les deux irréductibles veulent attendre l'avis définitif du Conseil pour l'orthographe allemande. Créé cet hiver, il doit réformer la réforme, mais son travail n'est pas terminé. Les experts doivent encore trancher certaines questions épineuses. Du genre : où faut-il couper les mots en fin de ligne, «Wes-te» ou «We-ste ?» Un dilemme qui tourne à la guerre de tranchées chez les linguistes. Ils ont promis de rendre l