Washington envoyé spécial
«A Miami, la réalité dépasse la fiction.» Tel est, ces derniers jours, le leitmotiv de l'ensemble de la presse de Floride, secouée, il est vrai, par une affaire hors du commun. Le 27 juillet, l'un des élus les plus influents de la métropole pénètre dans les locaux flamboyants du Miami Herald, situés sur Miami Beach. L'hôtesse d'accueil reconnaît immédiatement le visiteur, Arthur Teele, l'ancien président de l'agence d'urbanisme de Miami et haut responsable de la commission municipale, à laquelle il avait été réélu en 2001. Agé de 59 ans, l'homme politique en costume sombre sort son téléphone portable, tente d'obtenir un rendez-vous avec l'un des journalistes du Miami Herald, Jim Defede, avec qui il venait d'avoir un entretien de 25 minutes au téléphone. Mais le reporter n'est pas dans les locaux. Il raccroche. «Dites à Jim que j'ai laissé un paquet pour lui», lance-t-il à l'hôtesse d'accueil, avant de dégainer un revolver de sa poche pour se tirer une balle dans la tête. Le lendemain, la photo de Teele baignant dans une mare de sang fait la une du Miami Herald. Et, curieusement, le surlendemain, Jim Defede est licencié du journal pour avoir enregistré cette ultime conversation avec le défunt, ce qui est illégal dans l'Etat de Floride.
Blanchiment d'argent. Art Teele, un homme politique noir qui, au fil des ans, s'est fait le porte-parole de sa communauté, avait été inculpé de corruption cinq jours plus tôt, puis libéré sous caution. Sous le coup de vi