C'est un tournant mais nombre d'ambiguïtés demeurent. La Turquie a rempli une des conditions majeures fixées par l'Union européenne à l'ouverture des négociations d'adhésion, en signant vendredi soir un texte crucial étendant son accord d'union douanière, en vigueur depuis 1996, aux dix nouveaux membres dont la république de Chypre.
Dans un document annexe, les autorités turques rappellent néanmoins que «la signature, la ratification et l'application de ce protocole ne signifient en rien une reconnaissance de la république de Chypre». La Turquie occupe le nord de l'île depuis 1974 en réponse à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes grecs et y a proclamé une république turque de Chypre-Nord (RTCN). La république de Chypre représente donc la seule partie grecque aux yeux d'Ankara qui appuie le plan de paix de l'ONU, soutenu aussi par l'UE, prévoyant la création d'une confédération «bizonale et bicommunautaire». Ce plan avait été largement rejeté par les Chypriotes grecs, en avril 2004, lors d'un référendum.
Les polémiques sont donc relancées. Les dirigeants européens avaient admis en décembre, quand ils avaient conditionné l'ouverture de négociations d'adhésion avec Ankara, à l'extension à la république de Chypre de l'accord d'union douanière, que ce geste ne serait pas, sur le «plan légal», une reconnaissance de cet Etat par la Turquie. Les Vingt-Cinq n'en veulent pas moins sortir d'une situation absurde où un pays candidat se refuse à reconnaître un des Etats membres.
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