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Libération

Début d'autocritique égyptienne après Charm el-Cheikh

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Pour la première fois, la presse et les intellectuels s'interrogent sur les racines locales du terrorisme.
publié le 3 août 2005 à 3h11

Le Caire de notre correspondante

Ce n'est qu'un frémissement. Mais le débat, pour la première fois, commence à agiter l'Egypte. Devant l'horreur des attentats de Charm el-Cheikh, les Egyptiens cherchent des coupables. D'ordinaire, ceux-ci sont tout désignés : le terrorisme international, les Etats-Unis, responsables du chaos au Proche-Orient, et Israël, le voisin honni. Certes, la sempiternelle thèse d'un complot du Mossad et de la CIA a toujours ses adeptes, mais, face à elle, de plus en plus d'Egyptiens se demandent si le mal n'a pas aussi ses racines en Egypte. Un électrochoc provoqué par la probabilité que ce soit un groupe local ­ et non étranger ­ qui ait perpétré ces attaques et par le fait que la majorité des victimes sont égyptiennes.

Au lendemain des attentats, le quotidien indépendant libéral Masri al-Yom se montrait ainsi cinglant : «Nous méritons tous ce qui s'est passé à Charm el-Cheikh car nous avons gardé le silence lorsque la pensée wahhabite s'est infiltrée en Egypte.» Pour le journal, l'idéologie salafiste, de plus en plus répandue dans le pays, est une des causes de la montée du terrorisme islamiste. L'indifférence de l'Etat, plus occupé à combattre l'islamisme politique que la montée d'un extrémisme plus insidieux, est commentée par de nombreux intellectuels, qui soulignent sa dangerosité alors que le terrain social et économique en Egypte est propice à la radicalisation.

De fait, tout en condamnant les actes terroristes à travers la planète, les Egyptiens