François Géré dirige l'Institut français d'analyse stratégique (www.strato-analyse.org) et prépare un ouvrage sur la crise nucléaire iranienne.
Sommes-nous à la veille d'une «crise internationale majeure», comme le craint Philippe Douste-Blazy, le ministre des Affaires étrangères ?
Si les Iraniens reprennent leur activité d'enrichissement de l'uranium, leur dossier pourrait être transmis au Conseil de sécurité des Nations unies. C'est alors qu'on pourra parler de crise, car il y a un risque de clash entre, d'un côté, les Etats-Unis et l'Europe et, de l'autre, la Russie et la Chine, qui ne veulent pas prendre de sanctions contre l'Iran.
N'est-ce pas le scénario que joue l'Iran ?
Ce que fait l'Iran, c'est de réaffirmer sa position de toujours, à savoir : nous sommes un Etat souverain. L'Iran veut qu'on lui reconnaisse le droit au nucléaire civil, dont l'enrichissement est une composante indispensable. Il faut reconnaître que, d'un point de vue juridique, la position de Téhéran est assez forte. L'Iran est signataire du traité de non-prolifération (TNP) nucléaire et a donc parfaitement le droit de développer son activité civile.
Mais pas un programme militaire...
Je ne crois pas que la décision de fabriquer une arme nucléaire ait déjà été prise par les Iraniens. Ils se mettent simplement en situation de pouvoir le faire. L'enrichissement en fait partie. Les Iraniens sont des gens assez subtils et ils connaissent les risques qu'ils courent à produire maintenant une arme nucléaire. Non