Après le rejet de son projet de privatisation de la Poste, le Premier ministre conservateur japonais Junichiro Koizumi joue le tout pour le tout : il a convoqué hier des élections législatives anticipées pour le 11 septembre, dans l'espoir d'obtenir un nouveau mandat et de mener à bien son programme de «réformes structurelles».
Sa priorité numéro 1, l'ambitieuse réforme postale, venait d'être rejetée par le Sénat, où 22 élus du Parti libéral-démocrate (PLD) ont voté avec l'opposition. Koizumi, 63 ans, a promis de démissionner si son parti, qui domine la scène politique sans partage depuis un demi-siècle, était battu. Mais ce scrutin, avancé de deux ans, est qualifié de «suicide politique collectif» dans les rangs du PLD, déchiré sur la réforme postale.
Pour Koizumi, ce sera l'occasion de purger le parti : seuls les candidats favorables à la privatisation recevront l'investiture du PLD, a-t-il prévenu hier. Le Premier ministre juge cette privatisation essentielle pour rompre avec les vieilles habitudes des caciques du PLD, prompts à puiser dans les énormes avoirs de la Poste pour financer des dépenses publiques électoralement payantes, mais à l'origine d'une succession de scandales et d'un bond de la dette publique. La Poste japonaise gère 355 000 milliards de yens (2 640 milliards d'euros) d'épargne et d'assurance vie, ce qui en fait la première institution financière mondiale de dépôts. Selon un dernier sondage, 72 % des Japonais, très attachés à ce service, refusent sa sorti