Tokyo de notre correspondant
Une destruction d’une «force gigantesque et sans merci». Quand le reporter George Weller entre dans Nagasaki anéanti, un mois après le bombardement atomique du 9 août 1945, il est frappé par l’ampleur du chaos. En proie à une mystérieuse «maladie X», la ville est comme «un désert né de la guerre».
Le journaliste américain mène l’enquête dans la ville atomisée, mais il ignore encore que le quartier général d’occupation américain va voir en lui un témoin encombrant. Né à Boston en 1907, Weller est un reporter aguerri. Lauréat du prix Pulitzer, il a couvert les débuts de la Seconde Guerre mondiale pour le Chicago Daily News. Peu après le largage de la bombe «Fatman» sur Nagasaki, qui a tué instantanément 70 000 personnes, l’occupant américain a fermé la ville à la presse étrangère. Weller évite les check points après avoir revêtu l’uniforme d’un colonel de l’US Army. Il est ainsi le premier civil étranger arrivé sur place. Compilé en feuilletons signés de Nagasaki et datés du 8 septembre 1945, son rapport de 75 pages et 20 photos est confisqué et interdit de parution dès son retour aux Etats-Unis. Il le sera durant soixante ans.
Sans concession. Mais à la mort de Weller, à Rome en 2002, son fils Antony découvre une copie du rapport. Il décide aussitôt de le rendre public et le remet au plus ancien quotidien japonais, Mainichi. Celui-ci a publié l’intégralité des articles au printemps dernier. Un témoignage brut, rare, sans concession.
Quand, en ce début