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Libération
Interview

«En 2000, la marine russe était sinistrée»

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publié le 12 août 2005 à 3h17

L'amiral Camille Sellier est l'un des meilleurs connaisseurs français de la marine russe. Homme de l'ombre, il a effectué toute sa carrière dans les sous-marins, avant de s'occuper du démantèlement des armes nucléaires soviétiques pour le compte du CEA. Aujourd'hui à la retraite, il donne son point de vue sur le drame du Koursk.

Cinq ans après le naufrage, sait-on ce qui s'est vraiment passé ?

On sait tout ! Après le relevage du bateau en 2001, la commission d'enquête et l'action judiciaire ont mis un point définitif à cette affaire en 2002. Dès le départ, il n'y avait que trois hypothèses : une mine, le choc avec un autre sous-marin ou une explosion à bord. On sait aujourd'hui que cette dernière hypothèse était la bonne.

Que s'est-il donc passé ?

Le système de propulsion d'une torpille d'exercice a explosé alors que le sous-marin allait la tirer. Il s'agit d'un engin tactique utilisant le peroxyde d'hydrogène ­ c'est-à-dire l'eau oxygénée. Dans les années 50, les Britanniques avaient développé ce type de torpille, mais ils l'ont abandonné après une explosion à bord d'un sous-marin, le HMS Sidon, qui a coulé en 1955. Les Russes étaient les seuls à les utiliser et, à notre connaissance, n'avaient jamais eu de problème. On ignore les causes exactes de cette explosion. Elle a aussitôt provoqué une voie d'eau «infranchissable», dans notre jargon, qu'on ne peut pas arrêter.

On parle de deux explosions.

En effet. Après la première explosion équivalente à 60 kilos de TNT, le sous-marin a