Jamais le président péruvien Alejandro Toledo ne s'était trouvé aussi isolé. A dix mois des élections présidentielle et législatives et alors que sa cote est au plus bas, il a demandé à ses quinze ministres de démissionner. Dans une brève déclaration faite jeudi aux médias, le chef de l'Etat a annoncé qu'il allait examiner le cas de chaque ministre et décider du maintien ou non de chacun à son poste. D'ores et déjà, il devra se passer des services de son Premier ministre, Carlos Ferrero, qui a présenté jeudi sa «démission irrévocable», quelques minutes après la nomination très critiquée d'un nouveau ministre aux Relations extérieures.
Crise majeure. Toledo présente l'affaire comme une «recomposition» de son gouvernement, destinée à permettre à ceux de ses ministres qui souhaitent se présenter aux élections d'avril 2006 de préparer leur campagne. Mais pour pratiquement toute la classe politique comme pour les médias, il s'agit d'une crise majeure, d'un «tremblement de terre», selon le titre du Correo. La crise était prévisible. En nommant aux Relations extérieures Fernando Olivera, l'ancien ambassadeur en Espagne, le chef de l'Etat a choqué tout le monde, y compris de simples citoyens qui ont appelé les stations de radio pour se plaindre.
Olivera, qui dirige un petit parti, le Front indépendant moralisateur (FMI), est certes un allié précieux au Congrès. Mais il est aussi un homme politique controversé. Il a été accusé d'avoir retenu, alors qu'il était ministre de la Justice du