Pékin de notre correspondant
Soixante ans après, le fossé reste immense. L'anniversaire de la capitulation du Japon, le 15 août 1945, n'aura pas été, en Asie, l'occasion, comme ont pu l'être les commémorations équivalentes en Europe cet été, de se souvenir tout en renforçant d'authentiques réconciliations historiques. En particulier entre la Chine et le Japon, deux pays qu'oppose une vieille rivalité aiguisée par la montée en puissance actuelle, économique et stratégique, de Pékin.
Criminels de guerre. Les souvenirs de l'agression et de l'occupation japonaise, de 1931 à 1945, continuent d'empoisonner les rapports entre ces deux pays qui ont pourtant normalisé leurs relations diplomatiques il y a plus de trente ans et tissé des liens économiques considérables. Il n'y a qu'à voir la nervosité qui entoure cette date symbolique du 15 août, et une éventuelle visite du Premier ministre nippon, Junichiro Koizumi, au sanctuaire de Yasukuni, où reposent les âmes des Japonais tués pendant la guerre, y compris celles des criminels de guerre condamnés au procès de Tokyo... Koizumi a semble-t-il choisi l'apaisement et ne devrait pas se rendre à Yasukuni aujourd'hui : s'il le faisait, les réactions seraient assurément violentes en Chine comme en Corée du Sud.
La commémoration, la semaine dernière, du bombardement nucléaire de Hiroshima a donné l'occasion à la Chine d'enfoncer une nouvelle fois le clou : «La mémoire sélective trahit les victimes de la bombe», titrait ainsi l'éditorial du très