L'assassinat, dans la nuit de vendredi à samedi, du chef de la diplomatie sri-lankaise pourrait replonger l'île dans la guerre civile dont elle a réussi à sortir tant bien que mal depuis un fragile cessez-le-feu, en février 2002. Ferme adversaire des séparatistes tamouls, bien que lui-même tamoul, Lakshman Kadirgamar, 73 ans, a été abattu de sept balles alors qu'il rentrait à son domicile au centre de Colombo. Le ministre, un proche de la présidente sri-lankaise, Chandrika Kumaratunga, était l'un des membres les plus protégés du gouvernement, avec une centaine de gardes du corps à sa disposition. Immédiatement, la Présidente a déclaré l'état d'urgence pour une durée illimitée, donnant des pouvoirs très étendus aux forces de sécurité pour arrêter et maintenir en détention des suspects. Une gigantesque chasse à l'homme se poursuivait hier dans la capitale sri-lankaise.
L'assassinat n'a pas été revendiqué. Colombo a pointé du doigt les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), qui luttent depuis trente ans pour l'indépendance du nord-est de l'île. Mais ces derniers ont fermement démenti, conseillant plutôt au gouvernement d'enquêter «en son sein» sur des «forces» qui tenteraient de saboter les chances de paix. Officiellement, un cessez-le-feu est en vigueur entre les deux parties depuis février 2002, mais les négociations, menées sous l'égide d'Oslo depuis janvier 2000, sont dans l'impasse depuis avril 2003. Le médiateur norvégien au Sri Lanka, Erik Solheim, réagissant à l'