Harbin envoyé spécial
Les bus de visiteurs chinois se succèdent, certains escortés par une voiture de police : militaires, jeunes, retraités... Tous viennent voir les horreurs commises par les Japonais pendant l'occupation de la Chine, jusqu'à leur capitulation, le 15 août 1945, et en repartent renforcés dans leur conviction que le voisin nippon est décidément un monstre et qu'il ne s'est pas suffisamment excusé pour ses crimes de guerre.
Mission secrète. A 20 km au sud de Harbin, métropole de l'ancienne Mandchourie, dans l'extrême nord de la Chine, ces visiteurs viennent voir, ou plutôt imaginer, l'une des facettes les plus terribles de la guerre sino-japonaise. Dans ce bâtiment de briques transformé en musée siégeait alors l'Unité 731 de l'armée impériale, dont la mission secrète était de mener des expériences de guerre bactériologique. Quelque 3 000 prisonniers chinois auraient péri entre leurs mains dans des souffrances atroces, après s'être vu inoculer la peste bubonique, l'anthrax ou le choléra. Des dizaines de milliers d'autres près de 300 000 selon une estimation chinoise très approximative, jusqu'à 1 million selon un auteur américain auraient été victimes de cette guerre secrète lorsque les troupes japonaises ont contaminé des points d'eau ou répandu des germes par avion dans plusieurs provinces chinoises.
Les visiteurs vont de salle en salle en écoutant les explications d'une guide. Aux murs, des photos de Shiro Ishii, le médecin militaire qui dirigeait l'Unité 73