Haïm Gouri, 82 ans, est écrivain, poète, cinéaste. Il s'est battu lors de la guerre d'indépendance en 1948. Il est considéré comme le «poète national d'Israël» et a reçu le prestigieux prix Israël en 1988 pour son oeuvre poétique. Son dernier ouvrage, Je suis une guerre civile (en hébreu) reflète ses préoccupations de témoin et d'acteur privilégié de la scène publique.
Ariel Sharon a-t-il le sens de l'Histoire comme un de Gaulle ?
Je ne suis pas sûr qu'il vive dans cette dimension de l'Histoire, même s'il y entrera. La gauche n'aurait pas pu le faire ; c'est pourquoi les ennemis de Sharon ne lui pardonneront jamais. Certes, la gauche a eu raison de dire qu'on ne peut dominer un autre peuple. La droite a eu raison, et a peut-être encore raison, de penser que les Arabes ne nous accepteront pas comme une entité légitime dans la région. Un éminent intellectuel palestinien, modéré, a dit récemment : nous vous reconnaîtrons mais jamais nous ne vous donnerons de légitimité.
Que pensez-vous de la religiosité exacerbée des colons ?
Ils ont longtemps cru au miracle, mais ils souffriront à l'avenir. Moi, je suis laïque, cependant, chez des gens de foi, la notion de miracle est très enracinée. Peut-être est-ce une «façon de parler», comme on dit en français... Je ne suis pas un juste parfait : j'ai été éduqué dans la foi de l'intégralité de la terre d'Israël, socialiste bien sûr, couverte de kibboutzim, une sorte d'illusion lyrique... Après la guerre des Six Jours, j'ai eu le sentiment de r