Batticaloa (Sri Lanka), envoyé spécial
A l'entrée du hangar désaffecté où le gouvernement sri lankais les a provisoirement réinstallées, Rajes et sa soeur Ponesh, effrayées, s'enquièrent de l'état de la sécurité auprès des soldats en faction. Depuis l'assassinat, vendredi dernier à Colombo, du ministre des Affaires étrangères, Lakshman Kadirgamar, Batticaloa, sur la côte orientale du pays, a replongé dans l'incertitude. Deux policiers viennent de se faire tirer dessus juste devant leur portail. Un couvre-feu qui ne dit pas son nom est entré en vigueur. A la frontière des zones tenues par le LTTE, la guérilla des Tigres tamouls, la ville côtière ravagée par le tsunami du 26 décembre a repris son allure de ville de garnison. Le chef du district, Vijay Shanmugam, a ordonné de doubler les patrouilles armées en ville, surtout autour des cibles présumées des rebelles. Comme ce hangar proche de l'hôpital où vivent, avec leurs familles, une centaine de veuves telles Rajes et Ponesh, dont les maris, ex-militaires ou ex-collaborateurs de l'administration, ont été tués par les Tigres depuis le cessez-le-feu de février 2002.
Tireurs d'élite. L'inquiétude qui s'est abattue sur Batticaloa n'empêche pas pour l'instant les organisations humanitaires de poursuivre leur travail de réhabilitation du littoral dévasté par la vague tueuse. «Le seul signe de tension est la disparition des cadres du LTTE dans le district, confie Giovanni Cassani, de l'Organisation internationale des migrations (OIM).