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Libération

L'ex-taupe tchèque délaissée par les services français

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Convaincu d'espionnage pour la France, Vojtasek a passé douze ans en prison.
par Alexis ROSENZWEIG
publié le 22 août 2005 à 3h22

Prague correspondance

«L'invasion de Prague par les troupes du pacte de Varsovie en 1968 a été la goutte qui a fait déborder le vase.» Dans son modeste appartement pragois, Frantisek Vojtasek, 75 ans, explique dans un français à peine hésitant les raisons qui l'ont poussé à travailler pour les services secrets français, à la fin des années 60. Informateur pendant dix ans, cet ancien lieutenant-colonel des services spéciaux tchécoslovaques a passé douze années en prison avant la «révolution de velours» de novembre 1989. Il attend toujours un signe de reconnaissance de Paris. «J'avais pourtant effectué le parcours du parfait espion des pays communistes», confie l'homme.

Deux jours après l'entrée des chars soviétiques en Tchécoslovaquie en août 1968, alors qu'il est en poste à Paris, il adresse une lettre au Sdece, le Service français de documentation et de contre-espionnage, pour proposer ses services. N'obtenant pas de réponse, il entre alors en contact avec un officier français lors d'une réception. L'«entretien d'embauche» a lieu quelque temps après dans un bar du XVe arrondissement de Paris. Le candidat est jaugé. Il explique qu'il veut «saper le pouvoir communiste de l'intérieur» et qu'il n'attend rien en retour. Frantisek Vojtasek va devenir l'un des rares agents de l'Est à travailler aussi longtemps pour les services français.

Répression. Né en 1930, il prend la carte du PC tchécoslovaque dès 1953. Il est formé à Moscou et gravit rapidement les échelons de la hiérarchie mi