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Libération

En Suède, une bibliothèque d'humains contre les préjugés

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Une Rom ou une lesbienne «empruntables» pour combattre les clichés.
publié le 23 août 2005 à 3h23

Malmö (Suède) envoyé spécial

«On a une lesbienne et un imam en ce moment, qui en veut ?» Devant la bibliothèque municipale de Malmö, dans le sud de la Suède, Ulla Brohed hèle les festivaliers qui déambulent entre concerts et gargotes. La bibliothécaire proposait ce week-end une folle aventure aux passants : rencontrer des catégories d'individus traditionnellement stigmatisés sur lesquels les Suédois entretiennent des monceaux d'idées reçues.

Fiches clichés. «Emprunte un préjugé et débarrasse-t'en», proclame l'affiche. Le catalogue des «vrais gens» que la bibliothèque se propose de «prêter» comme un livre, comporte pêle-mêle un aveugle, un militant du droit des animaux, une musulmane, une Danoise et une journaliste. Des fiches déclinent des listes de clichés, parfois assez désarmants. Pour les Suédois, un imam serait «dogmatique et misogyne», les gens du voyage «paresseux, musiciens et peu dignes de confiance», tandis que le Danois se caractériserait par son «racisme» et son côté «bon vivant, joyeux et gros fumeur».

Helena Löwgren, une jeune cadre, «emprunte» pour quarante-cinq minutes Aniko, une Rom, la poitrine barrée d'une écharpe bleue où est inscrit «Levande bok» («Livre vivant»). Toutes deux s'asseyent autour d'une petite table. Le tête-à-tête démarre sur un ton un peu emprunté. «C'est bien de pouvoir se débarrasser de ses préjugés, car on en a tous bien sûr.» Aniko l'encourage du regard. Helena se lance : «Les Roms en Suède, c'est un groupe uni ou pas ?» «Nous sommes plus