Gaza envoyé spécial
Emue et soulagée, Gwenaelle Lenoir se jette dans les bras de Mohamed Ouathi. «Tu nous as fait peur !» souffle la rédactrice de France 3. «Ça va maintenant, ça va», répond doucement le preneur de son alors qu'autour d'eux s'agitent en tous sens policiers palestiniens et officiels européens venus saluer la libération du journaliste. Près de neuf jours de détention, triste record en longueur pour un enlèvement d'étranger dans la bande de Gaza. Un silence pesant, sans exigences publiques, ni revendications : scénario insolite dans de telles circonstances. «Les autorités palestiniennes nous présentaient systématiquement plusieurs pistes sans dire laquelle était privilégiée, explique Gwenaelle Lenoir. Elles disaient qu'il n'y avait aucun contact direct, ni avec Mohamed, ni avec les ravisseurs. C'était le black-out complet. Il n'y avait aucune certitude. Que du vide. Et des inquiétudes.»
«Sous-sol». Mohamed Ouathi, lui, se cantonne à un récit factuel : «Ça s'est passé assez rapidement. On sortait du resto avec l'équipe et je me suis retrouvé face à des mecs armés qui m'ont fait monter dans une voiture. Après, ils m'ont dit qu'il fallait attendre et basta. Je pense que j'ai été détenu dans une ferme, dans le sous-sol d'un hangar entouré de bêtes. Tous les jours j'étais réveillé par le coq. Je n'ai jamais été attaché. J'ai été bien traité. Le garde qui m'amenait à manger une fois par jour me parlait en arabe. Il me disait : "Comment ça va aujourd'hui ? Ça va bien ?