On disait les néocommunistes allemands du PDS moribonds, voués à rester un petit parti pour «ostalgiques» (nostalgiques de l'ex-RDA). Et voilà que pour la première fois depuis la réunification, il y a quinze ans, les Allemands de l'Ouest sont en passe de voter massivement pour l'héritier direct du SED d'Erich Honecker (l'ancien président de la RDA, ndlr). Une véritable révolution. D'abord, parce qu'aucun parti n'a réussi à se faire une place sur l'échiquier politique allemand depuis la naissance des Grünen, il y a vingt-cinq ans. Mais surtout parce que la RFA s'est construite contre l'idée même du communisme. Très fort à l'Est (entre 20 et 30 %), le PDS s'est effondré au niveau national en 2002, n'atteignant même pas la barre des 5 % pour entrer au Bundestag.
Surprise. Pourtant, aujourd'hui, le PDS est en plein «revival». Les sondages le créditent de 8 à 10 % des voix aux législatives du 18 septembre, un score qui menace de priver le chancelier sortant Gerhard Schröder, comme sa rivale de droite Angela Merkel, d'une majorité absolue. Cette percée est due au fait que le PDS a trouvé un allié pour mener sa conquête de l'Ouest : Wasg (Alternative pour le travail et la justice sociale, prononcer vé-a-s-gué, ndlr). Fondé, il y a huit mois, par des syndicalistes et des dissidents du SPD social-démocrate opposés aux réformes «libérales» de Schröder, le Wasg a créé la surprise en obtenant 2,4 % des voix aux élections régionales de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, en mai.