São Paulo de notre correspondante
«Je ne dirai rien.» Figure de proue du Parti des travailleurs (PT), la philosophe Marilena Chaui se mure dans le silence quand on la presse de commenter la crise qui frappe le PT et son chef historique, le président Lula. «Il y a des moments où se taire est un devoir», justifie-t-elle. Comme elle, la plupart des intellectuels de gauche, autrefois prompts à lyncher les gouvernements, ont choisi le silence face au scandale, le plus grand de ces vingt dernières années au Brésil. Le parti est accusé de financement illicite et d'avoir payé un mensalao, une mensualité, à des députés d'autres formations pour qu'ils votent pour les projets de loi du gouvernement. Si l'existence du mensalao n'est pas encore prouvée, de solides indices existent. Désigné comme le cerveau de ces pratiques, le bras droit de Lula, l'ex-ministre José Dirceu a dû démissionner, imité par quatre autres cadres du parti.
Le chercheur José Luciano Dias voit dans l'absence de réaction des partisans de Lula «leur vieille tendance à ne pas condamner les leurs quand ils commettent des actes pourtant condamnables». «Ils sont surtout terriblement gênés, note le sociologue Francisco de Oliveira, l'un des fondateurs du PT (qu'il a quitté en 2003). Ils ont même honte de ce qui se passe. Ils préfèrent donc se taire, d'autant qu'ils ne veulent pas faire le sale boulot à la place de la droite, en exposant leurs critiques. Il y en a bien quelques-uns qui parlent, mais c'est pour imputer la cri