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Libération

Mortelle panique à Bagdad

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publié le 1er septembre 2005 à 3h30

Dans un pays meurtri, frappé jour après jour par les bombes, il a suffi d'une simple rumeur d'attentat pour provoquer une hécatombe.Au moins 965 personnes sont mortes noyées, étouffées ou piétinées, et 465 autres ont été blessées, hier matin lors d'un mouvement de panique. Des pèlerins traversaient, par milliers, un pont sur le Tigre, à Bagdad, quand le bruit a couru de la présence parmi la foule de deux kamikazes bardés d'explosifs.

Date clé. Les chiites commémoraient le deuil d'un de leurs douze imams, Moussa al-Kadhim, empoisonné dans les geôles du calife Haroun al-Rachid. Une date clé de leur calendrier religieux. Près d'un million et demi de fidèles, accourus de tout le pays, convergeaient vers la mosquée de Kadhimiya, qui abrite sa tombe, au nord de la capitale. Très nerveuses, les forces de l'ordre avaient bouclé la zone. La crainte d'une attaque était dans tous les esprits. Le matin même, sept personnes avaient été tuées par des tirs de mortier contre le mausolée. Pour des raisons de sécurité, le pont Aïm, reliant le sanctuaire au nord-est de la ville, était fermé, bloquant les gros bataillons venus de Sadr City, le plus grand quartier chiite de Bagdad. Les croyants étaient d'autant plus pressés de traverser la rive qu'ils se trouvaient dans l'enclave sunnite d'Adhamiyah. Six d'entre eux avaient été blessés par des tirs d'arme légère. Un soupçon pesait aussi sur l'eau et la nourriture achetées en chemin. Vingt-cinq personnes sont mortes à la suite d'une intoxication a