à Varsovie
Premier chef de gouvernement issu de Solidarité (1989-1990), Tadeusz Mazowiecki a joué un rôle clé dans la transition polonaise. Il explique à Libération la portée de la création de Solidarité, le 31 août 1980.
Comment voyez-vous son rôle historique ?
Sans Solidarité, il n'y aurait pas eu tous ces bouleversements en Europe. La détente se serait poursuivie mais on en serait resté à la coexistence des deux blocs. On n'aurait pas assisté à la fin du système soviétique, du communisme. Sans rien enlever au rôle de Mikhaïl Gorbatchev, c'est à Solidarité qu'il faut l'attribuer.
Comment reliez-vous les événements d'août 1980 à la chute du mur de Berlin en novembre 1989 ?
A l'époque, on ne pouvait imaginer qu'on allait déboucher sur un changement de régime. Nous voulions arracher le maximum de liberté, de dignité, de droits des travailleurs mais dans le cadre du régime. Puis, malgré l'instauration de l'état de guerre, le 13 décembre 1981, Solidarité n'a pas cessé d'exister. Un Solidarité clandestin a pris le relais avec des manifestations, un réseau de publications, des débats dans les églises, etc. Solidarité a aussi survécu dans l'opinion internationale. Sans le mouvement de masse de 1980-1981 puis sans ces activités clandestines, les autorités n'auraient jamais compris qu'elles devaient dialoguer. Dès lors, il n'y aurait pas eu la table ronde pouvoir-opposition (février-avril 1989), puis les élections semi-libres de juin qui ont débouché sur la victoire écrasante de Soli