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Libération
Interview

«Solidarité a aidé à la chute du Mur»

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publié le 1er septembre 2005 à 3h30

à Varsovie

Premier chef de gouvernement issu de Solidarité (1989-1990), Tadeusz Mazowiecki a joué un rôle clé dans la transition polonaise. Il explique à Libération la portée de la création de Solidarité, le 31 août 1980.

Comment voyez-vous son rôle historique ?

Sans Solidarité, il n'y aurait pas eu tous ces bouleversements en Europe. La détente se serait poursuivie mais on en serait resté à la coexistence des deux blocs. On n'aurait pas assisté à la fin du système soviétique, du communisme. Sans rien enlever au rôle de Mikhaïl Gorbatchev, c'est à Solidarité qu'il faut l'attribuer.

Comment reliez-vous les événements d'août 1980 à la chute du mur de Berlin en novembre 1989 ?

A l'époque, on ne pouvait imaginer qu'on allait déboucher sur un changement de régime. Nous voulions arracher le maximum ­ de liberté, de dignité, de droits des travailleurs ­ mais dans le cadre du régime. Puis, malgré l'instauration de l'état de guerre, le 13 décembre 1981, Solidarité n'a pas cessé d'exister. Un Solidarité clandestin a pris le relais avec des manifestations, un réseau de publications, des débats dans les églises, etc. Solidarité a aussi survécu dans l'opinion internationale. Sans le mouvement de masse de 1980-1981 puis sans ces activités clandestines, les autorités n'auraient jamais compris qu'elles devaient dialoguer. Dès lors, il n'y aurait pas eu la table ronde pouvoir-opposition (février-avril 1989), puis les élections semi-libres de juin qui ont débouché sur la victoire écrasante de Soli