Tokyo de notre correspondant
Soixante ans après la signature de l'acte officiel de reddition du Japon à bord du cuirassé Missouri, le 2 septembre 1945 dans la baie de Tokyo, les Japonais n'ont toujours pas entrepris de travail collectif de deuil et de mémoire sur les crimes de leur armée, à l'image de celui accompli par l'Allemagne. Il en résulte plus que de l'amnésie : une véritable «inconscience historique», selon un historien japonais du Centre de recherches sur les responsabilités de guerre du Japon (JWRC), à Tokyo.
La page des commémorations est déjà tournée. Celles, non pas de la «défaite», terme soigneusement évité, mais de «la fin de la guerre», selon la terminologie officielle. Les Japonais se passionnent ces jours-ci pour la campagne des législatives du 11 septembre (lire encadré). La date anniversaire du 2 septembre est pourtant un symbole et ses leçons sont loin d'être tirées. D'après ce même historien du JWRC, «la plupart des Japonais aujourd'hui ignorent à peu près tout des pages les plus noires de leur pays». Quant aux (rares) excuses du Japon, ces dernières années, «elles sont anachroniques car tardives».
Tensions. En avril, au sommet Afrique-Asie de Djakarta, suite aux poussées de fièvre antinippone en Chine et en Corée, causées par la réédition au Japon d'un manuel révisionniste, le Premier ministre Junichiro Koizumi avait dû réitérer le «profond remords» de son pays pour les «souffrances» infligées dans les années 30 et 40. Mais cette repentance n'a guère dés