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Libération

La vie «saccagée» des rescapés de Katrina

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Reportage à Baton Rouge, en Louisiane, où des milliers d'habitants de La Nouvelle-Orléans, submergée par les eaux, se sont réfugiés.
publié le 2 septembre 2005 à 3h31

«Prions le Seigneur.» Autour d'une grande table en fer à cheval, une trentaine de personnes, policiers, médecins, responsables municipaux, se tiennent par la main ou par l'épaule. Dans une salle du centre des urgences de Baton Rouge, capitale de la Louisiane, située à moins de deux heures de voiture de La Nouvelle-Orléans, c'est par la prière que commence la réunion de coordination des secours, à 8 h 15. «Seigneur, aide-nous à prendre les bonnes décisions, à oublier nos ego», dit Irma Plummer, bras droit du maire, qui anime la réunion. Elle s'essuie les yeux, puis on entre dans le vif du sujet. Le chef de la police de la ville, Jeff Leduff, raconte comment les réfugiés affluent sans cesse, installés n'importe où : «Dans les abris, devant des magasins ou dans des quartiers d'habitation... là où il y a de la lumière.» Dans la nuit, «3 000 personnes ont été déposées», estime-t-il. Vers minuit, une dizaine de bus, venus de La Nouvelle-Orléans, sont arrivés sur le campus de l'université de Louisiane, où un hôpital de campagne oriente les réfugiés ayant des problèmes de santé. Résultat, comme l'explique plus tard le directeur de la santé, Louis Minsky : «Ils ont atterri dans les salles d'urgences [des hôpitaux].» Où sont-ils maintenant ? Personne ne le sait.

Yeux vides. Baton Rouge a l'impression d'être noyé sous le flot des réfugiés. Les hôtels sont pleins à craquer. Ceux qui n'ont pas les moyens atterrissent dans les centres d'accueil, plus d'une douzaine, mis en