Le Caire de notre correspondante
L'immeuble est des plus anodin, campé dans une rue bourgeoise non loin du Nil. Mais dans l'ascenseur, les autocollants islamistes plaqués sur le miroir indiquent qu'on ne s'est pas égaré. Les versets du Coran s'échappant d'un haut-parleur, une fois pressé le bouton du troisième étage, achèvent d'ôter tout doute. C'est ici, dans un immense appartement, que reçoivent les Frères musulmans. Et ces dernières semaines, ils n'ont pas manqué de visiteurs.
A l'approche de la première présidentielle multipartite de l'histoire d'Egypte à laquelle ne participeront que les partis politiques officiels, la confrérie islamiste interdite mais tolérée s'est vue courtisée de tous les bords. A commencer par le laïc et populiste Ayman Nour, le plus virulent des adversaires d'Hosni Moubarak, qui s'est fait photographier auprès du guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Mehdi Akef, après avoir participé avec lui à une prière dans les locaux de la confrérie. Il a aussi promis aux Frères de les autoriser à se constituer en parti politique s'il remportait le scrutin du 7 septembre.
«Finement joué». Cette semaine, c'était au tour de Noaman Gomaa, 70 ans, le candidat du parti Wafd, de passer par les locaux de l'organisation islamiste. Une visite «amicale», dit-il afin de mieux souligner les «bonnes relations historiques» entre les deux mouvements. Lors des législatives de 1984, une alliance passée avec la confrérie avait permis au Wafd, parti de la lutte anticoloniale,