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Libération

Le Japon, version soleil couchant et mots frappants

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publié le 9 septembre 2005 à 3h36

Tokyo de notre correspondant

Depuis trois heures, non-stop, dans une ambiance survoltée, les rappeurs de la nuit spéciale «Young Rebels» (Jeunes Rebelles) se succèdent, un à un ou par bandes, sur la scène électrisée du Unit, night-club en vogue de Daikanyama, quartier tendance de Tokyo. Soudain, la musique s'arrête. Lumière. Des néons blafards aveuglent un millier de jeunes au look déjanté, serrés dans la salle du B2 Unit, le second sous-sol du club, «mère des salles de danse de Tokyo», selon son patron. Lancé dans un monologue éclair, le meneur du gang B-Boy resté sur scène chauffe la salle : «Chaque matin lève-toi et bouge-toi/ Ne reste pas sans rien faire/ Agis/ Aide à changer ce monde pollué et pourri.» Le B2 Unit exulte. La musique reprend. Les murs trembleront jusqu'à l'aube.

Gentillets et apolitiques à leur début, les rap et hip-hop nippons se métamorphosent. Changement de ton, de style et de couleur. Des petits Eminem et MC Solaar nippons, à la musique stylisée, voire très sophistiquée, font entendre sur les scènes de l'Archipel des morceaux aux mots nouveaux et durs. Un brin protestataires.

De Tokyo à Osaka, de Sapporo à Fukuoka, ces artistes, parmi lesquels Zeebra, Dabo, Muro, Afra, Inden ou Mob Squad, ont leur fierté, leurs producteurs, leurs labels, leur émission de télé dédiée au break dance. Parfois aussi de gros moyens financiers. Ils chantent le Japon qui galère, la rue, l'ennuyeux arbeito (petit boulot), métaphore d'un chômage déguisé. 200 000 nouveaux diplômés