Hegang envoyé spécial
La police chinoise a inventé une nouvelle méthode pour empêcher les manifestations de mécontentement : la prise d'otage sociale. A Hegang, «petite» ville minière de 1 million d'habitants dans l'extrême Nord de la Chine, non loin de la frontière russe, les policiers locaux ont ainsi réduit au silence, et au désespoir, des ouvriers et employés qui protestaient contre une injustice dont ils s'estiment les victimes.
Garants. Confrontés à la menace de manifestations à répétition d'un petit groupe de mécontents, les policiers les ont réunis dans un hôtel de la ville et leur ont mis un imparable marché entre les mains : soit ils étaient condamnés administrativement à deux ans de camp de «rééducation par le travail» pour avoir perturbé l'«ordre social», soit ils trouvaient un membre de leur famille employé par une entreprise d'Etat qui acceptait de se porter garant, et s'engageait à perdre son emploi si son «protégé» recommençait à protester.
Un «otage antimanif» ? La pratique est jugée hors la loi par un avocat chinois, mais impossible à refuser dans une ville de province loin de tout, où le policier est roi. «On ne peut plus bouger», ont souligné plusieurs des victimes de cette mesure policière, qu'a rencontrées Libération et qui resteront anonymes pour des raisons évidentes.
Les débuts de l'histoire remontent loin : en 1998, lorsque cette région du nord-est de la Chine, siège de vieilles industries, plongeait dans les restructurations douloureuses. A la régie lo