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Libération

La Nouvelle-Orléans s'improvise une prison, une mairie...

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publié le 10 septembre 2005 à 3h38

La Nouvelle-Orléans envoyé spécial

Un pick-up de la police s'arrête en trombe devant la gare routière de La Nouvelle-Orléans. Deux hommes torses nus, les mains entravées dans le dos et visiblement éméchés, en sortent, solidement encadrés par des policiers. «Ils se promenaient en ville avec des armes automatiques, explique l'un des agents. Ce n'est pas la jungle ici !» Sur la porte du hall de la gare, un écriteau annonce la couleur : «We are taking New Orleans back» («Nous reprenons en main La Nouvelle-Orléans»). Au lendemain du passage dévastateur de l'ouragan Katrina, le terminal de bus Greyhound de la ville a été transformé en prison de fortune. Il a fallu parer au plus pressé car, à l'instar de la plupart des bâtiments publics, le pénitencier de La Nouvelle-Orléans a été inondé. 7000 prisonniers ont été transférés par autobus vers d'autres prisons de la région. En catastrophe, les autorités ont alors choisi la gare routière pour incarcérer les auteurs de délits, des pillards pour la plupart.

Grillage et barbelés. «Il n'y a pas d'ordre sans prison», clame Warden Caine, le directeur de l'établissement provisoire. Ce dernier, qui dirige normalement le pénitencier d'Angola, près de Baton Rouge, considéré comme l'un des plus durs des Etats-Unis, a été dépêché du jour au lendemain à La Nouvelle-Orléans. Dans le hall spacieux, climatisé grâce au moteur d'une locomotive, le bureau du procureur a été installé en lieu et place du magasin de presse et un centre médical a été improvisé